Une artiste dynamique, passionnée par les nouvelles technologies, Biliana K. Voden Aboutaam a développé un art essentiellement numérique. Son approche peut être résumée, selon elle, en deux points essentiels : lorsque l’information est soumise au processus numérique, ce qui en résulte n’est plus relié à la réalité, et l’aspect visuel est devenu non-linéaire.
LES PEINTURES DIGITALES
A travers la numérisation, le processus de digitalisation annihile l’image traditionnelle étant donné qu’elle est réduite à un plan numérique- mathématique. Ceci amène ainsi à un nouveau type d’espace où toute forme de perspective est inexistante et où aucune relation avec une réalité virtuelle ne peut exister.
Ces travaux ont permis à l’artiste d’explorer des voies nouvelles.
Pour résumer l’essentiel du concept adopté, elle déclare : « c’est là que l’information visuelle première perd sa signification d’origine en tant que représentation de la réalité et devient une visualisation non linéaire et non représentative de la réalité... Je tente de trouver les moyens de transmettre une information dans sa vraie forme. De dire l’information telle quelle est, tout en donnant au spectateur les moyens de vaincre l’information quand il regarde la toile ».
Les peintures sont, telles que les désigne l’artiste des ready mades d’information (informational ready mades). Leur lien, dans le cas présent, avec le « cycle homérique » est très libéral et sans aucun respect quelconque envers une interprétation historique, culturelle ou intellectuelle. La narration est inexistante, et il en résulte des sujets désintégrés. On peut cependant y voir de possible héros de l’Odyssée des temps modernes.
LA SCULPTURE DIGITALE
La sculpture digitale, qui n’a à ce jour pas encore d’identification et référence culturelles, constitue une première dans le domaine de l’histoire de l’art. Il s’agit également d’un « informational ready made ». Réalisée à partir d’une pièce de monnaie antique – un tétradrachme en argent, frappé à Athènes c . 455 avant J.-C. à l’effigie d’Athena, elle porte au revers la chouette, attribut de la déesse.
Selon l’artiste, le lien entre la sculpture, les peintures et le titre de l’exposition est non linéaire, c’est-à-dire non narratif et non représentatif. C’est le phénomène de la digitalisation qui les unifie, à l’intérieur du cadre conceptuel de l’exposition.
L’artiste utilise donc le nom d’Homère d’une manière purement conceptuelle. Mais il y a également un usage littéral de la pièce de monnaie, en tant que représentation physique d’une histoire et d’une mythologie, porteuse également d’une valeur numérique. La pièce de monnaie est vue comme une antique matrice numérique de laquelle est née une matrice numérique du 21e siècle – scannée, digitalisée, traitée et visualisée. La sculpture est finalement l’émergence de ces deux matrices. Elle fera prochainement l’objet d’une publication.
Biliana K Voden Aboutaam partage son temps entre New York et Genève, et possède un BFA de l’Académie Brera, section Beaux-Arts de Milan. Elle a participé à de nombreuses expositions, tant locales qu’internationales, notamment à la White Box (New York), à la Scarampi Foundation (Italie) et à la Galerie D`Art Junod (Nyon). Ses œuvres figurent dans de prestigieuses collections privées et elle a représenté la Bulgarie à l’occasion de l’exposition « OPEN 2002 International Exhibition of Sculpture and Installation », au Lido, à Venise en 2002.
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